Traitement de la bronchite chronique

Sommaire

Un homme chez le médecin tousse Getty / Katarzyna Bialasiewicz

 

La bronchite chronique ou BPCO (bronchopneumopathie obstructive chronique), est une maladie inflammatoire des bronches. La toux et les difficultés respiratoires en sont les principaux symptômes. Cette pathologie chronique nécessite une prise en charge par un médecin pneumologue. Pour stabiliser voire améliorer votre capacité respiratoire, différents professionnels de santé interviennent dans le traitement de la bronchite chronique : médecins, kinésithérapeute, pharmacien, infirmier, diététicien. Les résultats escomptés dépendent aussi en grande partie de votre implication à éliminer les facteurs de risque qui causent ou aggravent la maladie.

1. Prévenez la bronchite chronique

Plusieurs facteurs de risque provoquent et aggravent une bronchite chronique. Ils peuvent aussi mener à des exacerbations dangereuses.

Arrêtez de fumer

Le tabac est le facteur de risque principal de la bronchite chronique. Il est primordial que vous arrêtiez de fumer : traiter les symptômes de la bronchite chronique sans en traiter la cause est une impasse.

Bon à savoir : le vapotage et le cannabis constituent aussi des facteurs de risque majeurs.

Des aides de l'Assurance Maladie permettent de financer tout ou partie du sevrage tabagique sur prescription grâce :

  • aux dispositifs de substitution nicotinique que vous pouvez trouver en pharmacie et qui sont recommandés en première intention par la Haute Autorité de santé (HAS) : patchs, gommes ou pastilles, sprays ou dispositifs inhalant (plusieurs dosages disponibles) ;
  • à la varénicline (Champix®) 0,5 mg puis 1 mg : recommandé en deuxième intention par la HAS ce médicament en comprimés agit sur les récepteurs cérébraux à la nicotine ;
  • à une prise en charge psychologique et un suivi médical.

Selon les études dont on dispose, la stratégie d’aide au sevrage tabagique la plus efficace repose sur la combinaison d’un traitement pharmacologique et d’un soutien psychologique individuel ou en groupe et la thérapie cognitive et comportementale en fait partie.

À noter : les substituts nicotiniques inscrits sur la liste des médicaments remboursables sont pris en charge, sur prescription, par l'Assurance Maladie à hauteur de 65 %, sans plafond annuel, ni avance de frais.

Perdez du poids

Si vous êtes en surpoids, perdez vos kilos superflus : ce conseil vaut tant pour la bronchite chronique que pour l'équilibre général de l'organisme. Il s'agit ici que vous conserviez une bonne musculature tout en perdant vos graisses. L'aide d'un nutritionniste ou d'un diététicien peut augmenter vos chances de réussite.

Marchez

En cas de bronchite chronique, il n'est pas toujours facile de faire de l'exercice physique. L'essoufflement est pesant et vous empêche souvent d'effectuer des tâches de la vie quotidienne. Il est pourtant crucial que vous continuiez à produire des efforts adaptés d’intensité modérée (20 à 60 minutes) au moins trois fois par semaine pour que votre musculature se maintienne. Votre capacité respiratoire en dépend également.

La marche régulière est un excellent exercice physique : elle peut être progressive et vous permet de retrouver des facultés en douceur. Le pneumologue et le kinésithérapeute peuvent vous accompagner à l'entraînement à l'exercice progressif.

Bon à savoir :la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) et la HAS (Haute Autorité de santé) recommandent que cette marche quotidienne soit d’intensité légère à modérée et elles préconisent, pour les personnes en meilleure forme, de monter des escaliers.

Couvrez-vous bien et fuyez la pollution

Si ce conseil peut valoir pour n'importe qui, il prend toute son importance lors de la bronchite chronique. Vous êtes particulièrement sensible aux agressions et aux agents pathogènes. Lorsqu'il fait froid, couvrez-vous bien et évitez les courants d'air. Fuyez aussi la pollution qui, comme le tabac, encombre vos bronches de particules nocives. À noter que la pollution intérieure est également à limiter (pensez entre autres à aérer régulièrement).

2. Reconnaissez la bronchite chronique et ses facteurs de gravité

La bronchite chronique est un terme aujourd'hui désuet : on parle plutôt de bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO). Cette maladie chronique correspond à l'inflammation de vos bronches pendant 3 mois par an au minimum et au court de 2 années consécutives. Les hommes sont davantage touchés.

Bon à savoir :la BPCO constitue la troisième de mortalité dans le monde, avec 3,23 millions de décès en 2019.

Observez les symptômes

Les symptômes de la bronchite chronique sont :

  • des difficultés respiratoires lors de l'effort au début, puis au repos lorsque la maladie est sévère ;
  • une toux grasse (ou productive) avec l'expectoration de glaires claires ou purulentes ;
  • une coloration bleue de la peau en cas de bronchite chronique sévère par manque d'oxygène.

Ciblez les facteurs de risque de la BPCO

Si vous souffrez de BPCO, c'est que vous avez été exposés à certains facteurs de risque :

  • le tabac : fumer est de loin la principale cause de BPCO ;
  • l'humidité ;
  • la pollution de l'air : qu'elle soit quotidienne ou sur le lieu de travail ;
  • les infections bronchiques nombreuses ;
  • les allergies respiratoires.

Sensibilisez-vous aux complications de la bronchite chronique

La bronchite chronique est une maladie qui évolue vers une insuffisance respiratoire si rien n'est fait. La quantité d'oxygène véhiculée par vos globules rouges vers vos organes est alors trop faible. Pour rétablir ce manque d'oxygène, votre cœur se fatigue à son tour, ce qui peut vous mener vers une insuffisance cardiaque (ventricule droit).

Sensible aux microbes et aux agents irritants, vous êtes sujet à des complications aiguës. On les appelle exacerbations aiguës de bronchite chronique (ou de BPCO). Ces exacerbations sont à prendre au sérieux, puisqu'elles peuvent mener à l'hospitalisation en cas d'insuffisance respiratoire aiguë.

3. Traitez la bronchite chronique avec des médicaments

Le traitement médicamenteux de la bronchite chronique vise à améliorer les symptômes et la qualité de vie, mais aussi la capacité à faire de l'exercice physique. Il permet également de diminuer le nombre des exacerbations et leur sévérité.

Prenez vos bronchodilatateurs

Les bronchodilatateurs sont des médicaments capables d'augmenter le diamètre de vos bronches afin que l'air passe mieux. Si certains médicaments sont disponibles sous forme de comprimés, ils sont réservés aux personnes qui ne peuvent pas utiliser les dispositifs d'inhalation. On trouve des bronchodilatateurs :

  • à courte durée d'action pour le traitement des symptômes intermittents et ponctuels (stade 1 de la BPCO) :
    • salbutamol (Ventoline®, Airomir®) ;
    • terbutaline (Bricanyl®) ;
    • ipratropium associé au fénotérol (Bronchodual ®).
  • à longue durée d'action lorsque les symptômes persistent malgré l'inhalation de bronchodilatateur à courte durée d'action à de multiples reprises dans la journée (stade 2 de la BPCO) :
    • glycopyrronium (Seebri®) ;
    • tiotropium (Spiriva®) ;
    • formotérol (Foradil®) ;
    • indacatérol (Onbrez®) ;
    • salmétérol (Serevent®) ;
    • olodatérol (Striverdi®) ;
    • association de glycopyrronium et d'indacatérol (Ultibro®) ;
    • en comprimés : terbutaline à libération prolongée (Bricanyl lp®), et bambutérol (Oxeol®).

Prenez vos corticoïdes

Si le stade de la bronchite chronique est plus avancé (stade 2 avec exacerbations fréquentes ou stade 3), il est nécessaire d'associer un corticoïde (dérivé de cortisone) au(x) bronchodilatateur(s) à longue durée d'action. Des dispositifs permettent l'inhalation simultanée des deux molécules et disposent d'une autorisation pour être prescrits lors de la bronchite chronique :

  • budésonide et formotérol (Duoresp®, Symbicort®) ;
  • béclométasone et formotérol (Formodual®, Innovair®) ;
  • fluticasone et vilantérol (Relvar®);
  • fluticasone et salmétérol (Seretide®).

Important :l'utilisation de corticoïdes inhalés entraîne l'apparition d'une raucité de la voix et de mycoses buccales. Vous devez vous rincer la bouche à l'eau après chaque bouffée pour éviter ces désagréments.

Utilisez soigneusement les inhalateurs prescrits

Les inhalateurs portatifs sont nombreux et votre pharmacien vous fera la démonstration de chacun d'entre eux. Théoriquement, le choix de l’inhalateur doit être individualisé.

  • Expirez l'air présent dans vos poumons.
  • Inspirez profondément la dose médicamenteuse.
  • Retenez quelques secondes votre respiration afin que le médicament agisse au mieux.
  • Respirez normalement.

Certains dispositifs demandent une coordination main-bouche particulière qui ne convient pas à tout le monde : il faut effectuer une pression alors même qu'on inspire. Cependant, d'autres dispositifs permettent de faciliter la prise par un automatisme qui délivre la dose au moment de votre inspiration. Si vous rencontrez des difficultés à vous administrer les doses, parlez-en à votre médecin ou votre pharmacien.

Parfois, le pneumologue peut prescrire des inhalations délivrées à l'aide d'un compresseur qui génère des aérosols. Ce matériel est disponible en location dans les pharmacies.

Bronchodilatateurs et corticoïdes peuvent être nébulisés, et ces médicaments vous sont alors délivrés en respirant dans un masque ou un embout buccal. Les séances de nébulisations sont alors de 10 à 15 minutes, mais elles ne sont effectuées qu’à l’hôpital.

Ne prenez pas d'antitussifs

La toux est un réflexe d'expectoration qui vous permet de vider vos bronches du mucus qui s'y accumule. Il est normal que vous toussiez et chercher à bloquer ce réflexe est délétère. N'utilisez pas de médicaments antitussifs vrais tels que le dextrométorphane, la codéine, l'oxomémazine, ou encore la pholcodine.

Bon à savoir : l’oxomémazine (Toplexil® ou autre) expose à des effets indésirables disproportionnés dans le traitement symptomatique de la toux ; de même, la pholcodine (Biocalyptol® ou autre) présente un risque de sensibilisation aux curares utilisés en anesthésie générale.

Important : d'autres médicaments réduisent votre capacité à ventiler convenablement. C'est le cas des opiacés et morphiniques, ainsi que des benzodiazépines par exemple. Signalez votre BPCO aux médecins et pharmaciens.

Au contraire vous pouvez prendre de la N-acétylcystéine (ou NAC) qui possède des propriétés à la fois mucolytiques et anti-inflammatoires. Elle existe sous forme orale ou en nébulisation pour agir sur l’ensemble de l’arbre respiratoire jusqu’aux capillaires et aux alvéoles pulmonaires. Les différentes études préconisent de 400 à 1 200 mg/jour pendant trois à douze mois pour diminuer les symptômes, les complications ainsi que le nombre et la durée des crises.

4. Traitez la bronchite chronique avec la kinésithérapie

La kinésithérapie est un traitement à part entière de la bronchite chronique. Après une épreuve d'effort chez le pneumologue pour tester vos capacités physiques et respiratoires, des séances chez le kinésithérapeute vous sont proposées. Elles offrent :

  • Un entraînement progressif à l'exercice physique : vous renforcez vos muscles, travaillez votre endurance, suivez les conseils à reproduire chez soi et synchronisez les mouvements avec votre respiration. Ce travail peut être réalisé sous oxygène au masque.
  • Des exercices respiratoires :
    • vous travaillez sur les bons muscles de l'inspiration en réapprenant à respirer avec le ventre (rééducation du diaphragme) ;
    • vous apprenez à expectorer les glaires volontairement pour ne pas tousser (inspiration profonde puis expiration par coup sec).
  • Un drainage du mucus bronchique : les exercices peuvent suffire mais le kinésithérapeute peut aussi vous accompagner en soutenant les muscles de l'expiration avec l'appui de ses mains, ou par des vibrations.

Bon à savoir : Les kinésithérapeutes peuvent se déplacer à votre domicile si votre état ne permet pas de vous rendre à leur cabinet.

5. Traitez la bronchite chronique sévère avec de l'oxygène

L'oxygénothérapie est utilisée lorsque la bronchite chronique est à un stade très avancé (stade 4 de la maladie). Le malade est alors insuffisant respiratoire. Véritable médicament, l'oxygène est prescrit par un pneumologue et reste sous la responsabilité d'un pharmacien. Il est délivré par un masque et grâce à un concentrateur ou à des bouteilles. Ce gaz permet de pallier la mauvaise ventilation des poumons. Vos globules rouges, dont le rôle est de transporter l'oxygène aux organes du corps, sont alors à nouveau suffisamment approvisionnés en oxygène. Le pneumologue prescrit :

  • un débit particulier de délivrance par le compresseur pour que la saturation du sang en oxygène soit supérieure à 92 % (en fonction du repos, du sommeil et de l'activité) ;
  • une durée d'administration de l'oxygène (le jour et/ou la nuit) ;
  • un dispositif fixe (qui reste au domicile) ou ambulatoire (qui peut se transporter partout pour conserver une bonne autonomie).

Bon à savoir : sur une courte durée, un autre cas particulier justifie que vous ayez besoin d'oxygène : la rééducation à l'effort. Une fois cette rééducation terminée, vous n'aurez plus besoin d'oxygène.

Important : des risques d'explosions existent en cas de mauvais usage de l'oxygène, notamment si vous continuez à fumer malgré votre bronchite chronique. Le pharmacien ou le prestataire de service est tenu de vous en informer, mais aussi d'émettre des réserves et de retirer le dispositif en cas de non-respect des règles de sécurité.

6. Veillez aux exacerbations de la bronchite chronique

À tous les stades de la bronchite chronique peuvent survenir des exacerbations. Elles correspondent à des complications aiguës de la maladie. Vos symptômes sont amplifiés (difficultés respiratoires, volume des glaires, aspect des glaires). En proportions égales, ces exacerbations sont dues à trois causes possibles :

  • une infection virale ou bactérienne ;
  • une irritation des bronches par la fumée du tabac, la pollution ou des allergènes ;
  • une cause inconnue.

Votre traitement doit être adapté par votre médecin. Il pourra faire appel à :

  • une augmentation des doses de bronchodilatateurs inhalés ;
  • des corticoïdes par voie orale ;
  • des antibiotiques si les glaires sont franchement verdâtres et/ou que les difficultés respiratoires se font sentir :
    • amoxicilline pour les stades 2 et 3 de la BPCO ;
    • association amoxicilline-acide clavulanique pour le stade 4 de la BPCO et en cas de difficultés respiratoires au repos ;
    • ou une molécule alternative si vous êtes allergique aux antibiotiques précédents.

En cas d'exacerbations, vous devez vous faire hospitaliser si :

  • vous avez plus de 70 ans ou êtes un sujet à risque ;
  • votre bronchite chronique est au stade 3 ou 4 ;
  • des signes d'urgence le nécessitent ou en cas de dégradation de l'état général ;
  • vous êtes une personne isolée.

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