Examen cytobactériologique des crachats (ECBC)

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Se moucher homme lolostock / Getty

L'examen cytobactériologique des crachats (ECBC) analyse les crachats (= mucus épais sécrété au niveau des bronches) ou expectorations. Difficile à réaliser et à interpréter, cet examen porte souvent à controverse et fait partie des analyses des infections des voies aériennes inférieures.

L'ECBC répond à trois objectifs :

  • la recherche de bactéries responsables d'infections broncho-pulmonaires (pneumopathies) ;
  • la détermination du traitement à mettre en place ;
  • la surveillance de l'efficacité du traitement.

Précautions liées au prélèvement en vue d'un ECBC

L'ECBC est un examen difficile à réaliser et à interpréter en raison de plusieurs difficultés techniques.

En effet, le prélèvement est souvent contaminé par des bactéries salivaires (staphylocoques, streptocoques, corynéformes, Neisseria) ou des bactéries commensales de l'appareil respiratoire (= qui vivent au niveau de l'appareil respiratoire sans causer d'infections en temps normal, telles que Hæmophilus influenzæ, Streptococcus pneumoniæ, Staphylococcus aureus, des bactéries anaérobies strictes).

En outre, les pneumopathies sont souvent dues à l'infection par plusieurs bactéries (infections pluribactériennes).

La présence de bactéries dans l'ECBC ne démontre donc pas toujours qu'il existe une pneumopathie. Une attention particulière doit donc être portée aux conditions de recueil des prélèvements :

  • importance de la technique de recueil des crachats ;
  • nécessité d'acheminer rapidement les prélèvements au laboratoire (moins de 2 heures).

Déroulement de l'ECBC

Contextes de prescription de l'examen

Un ECBC peut être prescrit par le médecin dans différents contextes cliniques, notamment lorsqu'un patient présente des symptômes évocateurs d'une pneumopathie, le médecin prescrit un antibiotique efficace sur la plupart des pneumopathies. Il ne prescrit un ECBC que pour la recherche d'une infection par des bactéries spécifiques (Pseudomonas aeruginosa, staphylocoque doré) ou lorsque les symptômes s'aggravent malgré le traitement par antibiotiques.

Quelques exemples de situations rencontrées :

  • Pneumopathies contractées à l'hôpital par des patients sous ventilation artificielle ;
  • Pneumopathies dues à des bactéries atypiques (Legionella, Chlamydia, Coxiella, Mycoplasma) ;
  • Pneumopathies chez un patient immunodéprimé ;
  • Mucoviscidose ;
  • Exacerbations de BPCO en cas d'échec d'un premier traitement antibiotique ;
  • Diagnostic d'une tuberculose pulmonaire.

Le prélèvement

Face aux risques de contamination, le recueil des expectorations doit être très rigoureux. Plusieurs techniques de recueil des sécrétions bronchiques peuvent être utilisées :

  • L'expectoration spontanée est la méthode la plus utilisée en ville. Le patient recueille lui-même ses crachats après un lavage de dents et des gargarismes avec de l'eau stérile ou un agent antiseptique pour éliminer au maximum la salive. Le prélèvement est effectué de préférence le matin, grâce à un effort de toux, et emmené dès que possible au laboratoire.
  • L'expectoration provoquée : Une solution salée est nébulisée pour induire l'expectoration des sécrétions bronchiques.

À noter : Cette méthode ne peut pas être utilisée chez les patients souffrant d'une hyper-réactivité bronchique.

  • La kinésithérapie de drainage fait appel aux techniques de kinésithérapie respiratoire pour recueillir des expectorations de meilleure qualité.
  • Les prélèvements protégés des sécrétions broncho-pulmonaires impliquent des techniques plus invasives :
    • Le brossage bronchique protégé (BBP) implique que les sécrétions bronchiques sont recueillies par une brosse spécifique au cours d'une fibroscopie bronchique.
    • Le lavage broncho-alvéolaire (LBA) implique que les expectorations sont recueillies par instillation et aspiration au cours d'une bronchoscopie.
    • L'aspiration endo-trachéale (AET) implique que les sécrétions sont aspirées à l'aide d'une sonde d'aspiration chez les patients intubés ou trachéotomisés.

Les analyses effectuées

Les caractéristiques générales des expectorations sont d'abord décrites avec précision :

  • l'aspect : muqueux (gelée) ; mucopurulent (avec des traces de pus) ; salivaire (fluide) ; fluide et purulent ; visqueux, adhérent ;
  • la couleur : rouille ; verdâtre ou jaunâtre ; rose à rouge si traces de sang ;
  • l'odeur : parfois désagréable en lien avec la présence de certaines bactéries.

Le recueil est ensuite observé au microscope pour :

  • Déterminer la présence, et éventuellement la nature, des cellules présentes (cellules alvéolaires, macrophages, cellules épithéliales bronchiques, cellules épithéliales bucco-pharyngées).
  • Observer la flore bactérienne.

Les ECBC présentant un risque de contamination salivaire qui limite leur interprétation, des critères de qualité permettent de distinguer les prélèvements qui peuvent être interprétés et ceux qui doivent être recommencés :

  • plus de 25 neutrophiles par champ d'observation au microscope ;
  • moins de 5 à 10 cellules épithéliales par champ d'observation au microscope.

Les prélèvements répondant aux critères de qualité sont mis en culture pour détecter les agents infectieux. Si des bactéries sont révélées par les cultures, elles sont identifiées et leur sensibilité à différents antibiotiques testée (antibiogramme).

Bon à savoir : Les bactéries reconnues comme origine de l'infection doivent être largement prédominantes (plus de 10 000 000 colonies par ml sauf chez les patients atteints de mucoviscidose où elles sont à réduites à plus de 100 colonies par ml).

Cependant, certaines bactéries ne sont pas cultivables par les techniques utilisées et ne seront pas détectées par cet examen.

Interprétation des résultats de l'ECBC

Le tableau qui suit recense les principaux agents infectieux responsables de pneumopathies identifiables à la suite d'examens cytobactériologiques de crachats :

Principaux agents infectieux responsables de pneumopathies
Agents infectieux Pneumopathies chez une personne sans facteur de risques Pneumopathies chez le patient hospitalisé Surinfections bronchiques Mucoviscidose
Bactéries Streptococcus pneumoniæ Fréquent Fréquent Fréquent Fréquent
Hæmophilus influenzæ Fréquent Fréquent Fréquent Fréquent
Staphylococcus aureus Fréquent Fréquent Fréquent Fréquent
Moraxella catarrhalis Fréquent Fréquent Fréquent Fréquent
Klebsiella pneumoniæ Fréquent Fréquent Fréquent Fréquent
Pseudomonas æruginosa Exceptionnel Fréquent Fréquent Fréquent
Burkholderia cepacia Exceptionnel Fréquent Exceptionnel Fréquent
Mycobactéries Cas particuliers Cas particuliers Cas particuliers Exceptionnel
Nocardia Cas particuliers Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Chlamydia pneumoniæ Cas particuliers Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Mycoplasma Cas particuliers Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Legionella Cas particuliers Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Coxiella Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel Exceptionnel
Bactéries anaérobies Exceptionnel Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Champignons Candida spp. Exceptionnel Cas particuliers Exceptionnel Exceptionnel
Aspergillus Exceptionnel Cas particuliers Exceptionnel Cas particuliers

La mise en évidence d'un ou plusieurs agents infectieux, associée à des symptômes évocateurs de pneumopathie ou à un contexte particulier (patient hospitalisé, atteint de maladie pulmonaire ou d'une mucoviscidose), oriente le médecin vers le diagnostic de pneumopathie.

À noter : Face aux difficultés de recueil des expectorations et dans l'interprétation des résultats de l'ECBC, des examens complémentaires sont souvent prescrits pour étayer le diagnostic. L'ECBC associé aux autres examens permet de déterminer le meilleur traitement pour soigner le patient.

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