Lorsque les poumons fonctionnent mal, l'ensemble de l'organisme est affecté... Parmi les maladies qui peuvent le toucher, focalisons-nous sur les pneumopathies interstitielles.
Pneumopathies interstitielles : qu'est-ce que c'est ?
Les pneumopathies interstitielles (ou pneumopathies infiltrantes diffuses) sont des maladies du poumon qui affectent notamment son tissu interstitiel. Ce dernier est un tissu conjonctif qui assure le soutien de l'organe, disséminé entre les structures qui le composent.
Elles se déclinent en un très grand nombre de maladies (plus d'une centaine), de causes variées. On distingue des formes aiguës, d'apparition brutale, et des formes chroniques à l'évolution plus lente.
La sarcoïdose est un exemple de ces maladies : elle atteint les poumons mais également de nombreuses autres régions du corps (elle est notamment responsable de sévères troubles cardiaques sur le long terme).
Symptômes d'une pneumopathie interstitielle
Les pneumopathies interstitielles vont entraîner différents signes :
- une respiration plus rapide qu'à la normale et superficielle ;
- des difficultés respiratoires ;
- une toux ;
- des sifflements ou des râles ou moment de l'inspiration ;
- la peau peut prendre une teinte bleutée, car les tissus manquent d'oxygène ;
- parfois de la fatigue, une perte de poids, de la fièvre...
Certains malades atteints par une pneumopathie interstitielle présentent un hippocratisme digital, c'est-à-dire une malformation des doigts et des ongles.
Causes
Une pneumopathie interstitielle peut avoir de nombreuses causes :
- Infectieuses : les pathogènes incriminés sont alors :
- un virus, comme le virus respiratoire syncytial, le virus de la varicelle ou de la grippe,
- une bactérie : Mycobacterium tuberculosis (tuberculose), Legionella (légionellose), pneumocoque (pneumonie)...,
- un champignon : Pneumocystis jirovecii (pneumocytose).
- Une exposition à des produits toxiques ou des médicaments.
- Un cancer : un carcinome bronchiolo-alvéolaire ou un lymphome. Dans certains cas, une lymphangite carcinomateuse est responsable du développement de la pneumopathie interstitielle, elle se traduit par l'envahissement des vaisseaux lymphatiques des poumons par des cellules cancéreuses.
- L'inhalation de poussières minérales (par exemple la silice ou l'amiante), on parle alors de pneumoconiose.
- Une hypersensibilité, fréquentes dans certains métiers (la maladie de l'éleveur d'oiseaux par exemple, provoquée par l'inhalation de protéines des volatils, ou la maladie du fermier, provoquée par l'inhalation de microbes présents dans le foin moisi).
- Une insuffisance cardiaque.
Bon nombre d'entre elles, dont la sarcoïdose, restent d'origine inconnue.
Bon à savoir : il existerait également une association significative entre l’évolutivité clinique de la polyarthrite rhumatoïde et le risque de pneumopathie interstitielle : plus la PR évolue rapidement plus le risque augmente (source : Sparks JA et coll. : Rheumatoid Arthritis Disease Activity Predicting Incident Clinically Apparent Rheumatoid Arthritis-Associated Interstitial Lung Disease: A Prospective Cohort Study. Arthritis Rheumatol. 2019 ; 71(9):1472-1482. doi: 10.1002/art.40904).
Pneumopathie interstitielle : prise en charge
Diagnostic
Face aux symptômes qui évoquent une pneumopathie interstitielle, le médecin va tout d'abord prescrire une radio des poumons, qui met en évidence un épaississement du tissu interstitiel. Dans ce cas, un scanner thoracique est ensuite réalisé pour apporter des éléments permettant un diagnostic plus précis. D'autres examens vont permettre de le préciser :
- un bilan sanguin complet ;
- un lavage broncho-alvéolaire, qui consiste à injecter un liquide dans les alvéoles pulmonaires, puis le récupérer pour y analyser les substances présentes (microbes, poussières...). Le spécialiste utilise en endoscope - un tube souple doté d'une caméra - qu'il introduit dans les voies respiratoires ; l'examen se déroule sous anesthésie locale ;
- éventuellement des biopsies (prélèvements de tissus) au niveau pulmonaire, mais également parfois dans d'autres régions du corps (peau, glandes salivaires...).
Traitement
Le traitement dépend bien sûr de la cause de la pneumopathie interstitielle. Il peut faire appel à l'administration :
- de corticoïdes le plus souvent ;
- de médicaments immunosuppresseurs ;
- de N-acétylcystéine ;
- de chloroquine (Nivaquine®), un antipaludéen, notamment en cas de sarcoïdose ;
- en cas d'infection bactérienne, il repose sur la prescription d'antibiotiques.
Attention : les centres de pharmacovigilance appellent le public et les professionnels de santé à ne pas utiliser la chloroquine (et l'hydroxychloroquine) contre le coronavirus (COVID-19) en raison de ses bénéfices inconnus et de ses risques avérés.